Bourse/Finance

Marchés boursiers au plus haut : faut-il anticiper une correction ou un rebond ?

Portés par la tech américaine, les indices mondiaux retrouvent leurs plus hauts niveaux, malgré des incertitudes monétaires et géopolitiques persistantes. Pour Swiss Life Banque Privée, l’heure est à la prudence à court terme, mais la fin d’année pourrait offrir de nouvelles fenêtres d’opportunité.

Un rebond porté par les valeurs technologiques… et la patience des marchés
Après les soubresauts politiques du printemps, les marchés financiers semblent avoir retrouvé leur aplomb. En juin 2025, les grandes places boursières ont renoué avec une trajectoire haussière, soutenues par des publications d’entreprises solides, en particulier dans le secteur technologique. Le Nasdaq a bondi de 10 %, le S&P 500 de 6 %, illustrant la vigueur persistante des valeurs américaines de croissance. L’Euro Stoxx 50 progresse de 4 %, et le CAC 40 de 2 %, à un rythme plus modéré.
 

Mais derrière cette embellie, plusieurs tensions demeurent. La baisse du dollar, accélérée en juin (-4 %, -13,8 % depuis janvier), réduit d’autant les gains pour les investisseurs européens positionnés sur les marchés US. En parallèle, les obligations redeviennent coûteuses, avec des spreads historiquement faibles, rendant leur performance moins attrayante dans un contexte d’attentisme monétaire.
 

« Les marchés ont intégré une baisse de taux de la Fed dès juillet. Mais cette hypothèse semble de plus en plus optimiste », souligne Serge Pizem, directeur général chez Swiss Life Banque Privée. Résultat : le risque de déception sur les taux est réel, ce qui justifie une position prudente à court terme, selon la banque privée, qui observe également une fragilité sous-jacente en Europe.

Des fondamentaux macroéconomiques fragiles en Europe, plus solides aux États-Unis
Si la croissance européenne montre quelques signes de reprise, elle demeure fragile. Le cas français inquiète particulièrement : avec un déficit public dépassant 6,4 % du PIB, l’incapacité à réduire la dépense publique alimente le risque d’une perte de confiance des marchés. Un scénario à la grecque n’est pas envisagé, mais les tensions sur les taux longs pourraient peser sur la soutenabilité de la dette à moyen terme. Les entreprises européennes, elles, ne devraient voir leurs profits progresser que de 3 % sur l’année, un rythme modeste comparé à l’enthousiasme des indices.
 

Outre-Atlantique, la situation est nettement plus dynamique. Le marché de l’emploi américain reste solide, avec 147 000 créations de postes en juin et un taux de chômage à 4,1 %. Les entreprises affichent des perspectives robustes, avec des bénéfices attendus en hausse de 9 %, voire 20 % pour les GAFAM et assimilés. Pourtant, cette vigueur empêche toute détente rapide de la politique monétaire. L’inflation, toujours tenace aux États-Unis, est entretenue par des signaux politiques inflationnistes : droits de douane accrus, expulsion des travailleurs sans papiers — autant de mesures défendues par Donald Trump, qui pourraient perturber davantage la ligne de la Fed.
« Il est probable que Trump cherche à évincer Jerome Powell de la présidence de la Fed dès septembre, avant la fin de son mandat prévue en mai 2026 », anticipe Swiss Life. Un tel changement pourrait déboucher sur une politique monétaire plus accommodante à l’horizon 2026, offrant une fenêtre d’investissement à surveiller dès cet automne.

Géopolitique et pétrole : un calme trompeur ?
Autre facteur surveillé par les investisseurs : le risque géopolitique. Les frappes israéliennes et américaines sur l’Iran, survenues en juin, n’ont eu qu’un impact limité sur les cours du pétrole, qui ont brièvement touché 80 dollars le baril avant de retomber. Pourtant, le détroit d’Ormuz — par lequel transite 20 % de la production mondiale — reste une zone hautement sensible.
 

Ce manque de réaction des marchés pétroliers peut s’expliquer par l’anticipation d’une augmentation rapide de la production de la part d’autres États exportateurs. Il révèle aussi un certain aveuglement des marchés, qui misent sur la résilience de l’offre plutôt que sur les scénarios catastrophes.
 

Pour Swiss Life Banque Privée, l’approche à adopter reste celle d’un équilibriste prudent, à l’écoute des cycles mais sans céder à l’exubérance. La gestion patrimoniale doit intégrer cette nouvelle donne : entre les valorisations élevées des actifs risqués, la volatilité obligataire et les incertitudes politiques, la fin d’année pourrait offrir des opportunités, mais nécessitera un pilotage affiné.